le temps- dossier spécial

le temps- dossier spécial 25 oct 2007 sommaire complet editorial zooms temps fort international suisse régions economie finance sports société culture eclairages courrier lecteurs météo elections fédérales finance fonds placement marchés economie carrières immobilier samedi culturel disques livres multimédia photos vidéos dessins blogs forums dossiers archives revue de presse newsletters hors-séries netvibes flux rss edition pdf edition epaper abonnements espace abonnés boutique events smsannonces webadresses publicité voyages rencontres présentation visite contacts dossier special le temps i dossier spécial i affichage de l'article quand le football rénove l'idée nationale «confiance»: c'est le maître mot de l'équipe suisse, qui entend bien répondre aux attentes qu'elle a suscitées. serge enderlin et anne fourniermardi 6 juin 2006 «jamais vu ça! ils étaient entre 2500 et 4000 à chaque entraînement, et le public était des plus variés: des têtes blondes, des midinettes, et même des grands-mères enthousiastes.» le constat de ce journaliste alémanique, assidu au bord du terrain d'entraînement de la nati, à freienbach, canton de schwyz, vaut tous les commentaires sur l'immense engouement qui entoure l'équipe de suisse à quelques jours de la coupe du monde. vrai, ce n'est pas la première fois que les joueurs de l'équipe nationale bénéficient d'un large soutien populaire. les campagnes de 1994 (coupe du monde aux etats-unis) et de 1996 et 2004 (pour l'euro au royaume-uni et au portugal) avaient déjà provoqué de belles émotions des deux côtés de la barrière de rösti. mais, comment dire?, aujourd'hui, c'est différent. pour la première fois en huit participations à la phase finale d'un mondial, la nati va se présenter en allemagne avec des ambitions. mieux, elle affirme qu'elle y va pour gagner des matches, progresser dans le tournoi. un échec au premier tour, qui relevait autrefois de la catégorie des certitudes, serait vécu cette fois-ci comme une terrible désillusion. cela marque la fin du légendaire syndrome de la défaite honorable, qui a longtemps accablé la nati (lire p. 13). cette confiance en soi helvétique, inédite à ce niveau, trouve ses origines dans la jeunesse de l'équipe, mais aussi dans la saga du parcours qualificatif. l'exploit d'istanbul en novembre dernier, avec son après-match belliqueux, a permis à la presse populaire de créer une relation victimaire directe entre le peuple et les joueurs. la souffrance collective de la nation sur le champ de bataille ottoman fonde désormais l'espoir d'une épopée. cet élan populaire est largement alimenté par les grandes orgues patriotiques du blick. le journal a déployé l'artillerie lourde: il propose à ses lecteurs-supporters des pulls aux couleurs nationales et aux textes optimistes, comme «wir werden weltschweizer» (nous serons suisses du monde), «schweiz ist geil!» (la suisse c'est génial!), ou encore le subtil «ich bin auch ein köbi» (je suis aussi un köbi). «la personnalité de l'entraîneur est très importante, explique marcel siegenthaler, chef de la rubrique sportive du blick. on aime quand il parle de son équipe comme d'une famille, on se raccroche à son image du suisse tranquille, celle d'un homme qui a également connu l'échec dans son parcours, qui habite dans un quatre-pièces et aime son pays.» ou comment la vraie modestie, affichée et assumée, devient un argument du discours patriotique: «je crois, dit marcel siegenthaler, que les suisses, surtout les alémaniques, sont sincèrement fiers de leur équipe, ainsi qu'en témoignent les milliers de lettres de soutien que nous recevons. les performances de nos joueurs dans les grands clubs étrangers ont permis de prendre conscience de leurs qualités.» plus étonnant, le cadre habituel des enthousiastes semble s'être subitement élargi à d'autres couches sociales plus élevées, comme ce fut le cas pour la france en 1998. le football comme vecteur d'une idée nationale rénovée? le côté multiethnique de l'équipe actuelle (soigneux mélange alémanique-romand, mais avec des origines bariolées: joueurs d'origine italienne, espagnole, albanaise, africaine) colle avec la mutation démographique du pays. il devient dès lors politiquement correct de soutenir une équipe qui représente davantage que onze individus sur un terrain de football. le facteur d'identification s'est renforcé: il déteint sur le comportement de l'équipe. trop sollicités dans le registre émotionnel, les joueurs craignent toutefois d'y laisser une partie de leur influx (lire ci-dessous). mais cet enthousiasme, que l'on aurait autrefois vite qualifié de «démesuré», se manifeste essentiellement en suisse alémanique, à en croire le baromètre des événements spéciaux liés à la nati. la chaîne privée tele züri a ainsi diffusé un reportage autour des deux conseillers fédéraux zurichois moritz leuenberger et christoph blocher pour connaître leur relation avec le foot. etonnamment, le premier, l'intellectuel, semblait beaucoup plus à son aise que le champion du réduit national. depuis fin avril et jusqu'à ce soir, des people alémaniques se sont mis au ballon rond pour animer une nouvelle émission de téléréalité baptisée le match (sur sf2). dix-huit hommes (un ancien mister schweiz, le rappeur stress, l'udc saint-gallois toni brunner) ont été entraînés par gilbert gress pour rencontrer une sélection d'anciens cadres de l'équipe nationale. la finale s'est jouée jeudi soir, sous la pluie. résultat: 6 à 1 pour les anciennes stars. enfin, le quotidien gratuit 20 minuten a lancé le «hopp schwiiz index», qui permet de mesurer la courbe de popularité de l'équipe de suisse. il ne reste plus qu'à gagner le premier match, mardi 13 juin à stuttgart, contre les divas fatiguées de l'équipe de france. une grande fête est d'ores et déjà programmée au hallenstadion de zurich avec des personnalités de la chanson alémanique comme polo hofer. l'engouement commercial les sponsors de l'équipe ont revu leur budget marketing à la hausse. isabelle musy l'euphorie qui entoure l'équipe suisse de football est aussi commerciale. parce que, forcément, sa qualification au mondial 2006 a décuplé son potentiel lucratif. ses partenaires s'en frottent les mains. a commencer par puma, qui selon etienne kuhn, directeur des ventes sports, enregistre une augmentation de 60% des ventes du maillot officiel par rapport à la même période en 2004, avant l'eurofoot. les maillots les plus recherchés sont ceux de patrick müller, philippe senderos et alexander frei et plusieurs magasins se sont rapidement retrouvés en rupture de stock. notamment chez ochsner sport, partenaire de l'association suisse de football (asf) et détenteur de la licence pour le merchandising. la chaîne, leader des magasins de sport en suisse, mise sur la coupe du monde pour améliorer encore son chiffre d'affaires qui a déjà enregistré, en 2005, une hausse record de 14,9%. pour cela, elle a mis en place 25 fan shops de 100 m2 avec la nouvelle collection officielle et intégrale aux couleurs de l'équipe. qui comprend même une ligne féminine. credit suisse, sponsor depuis 1993 avec un soutien de 1,65 million de francs par an à l'asf, se réjouit également: «nous avons commencé ce partenariat avec, comme objectif d'investir 50% du montant dans la formation de l'élite jeune du football, explique sandra cuviezel, responsable du sponsoring pour le footlball. nous savions que cela paierait. en 2002, la suisse a remporté l'euro m17. et aujourd'hui, après treize ans de sponsoring, nous pouvons dire que la suisse bénéficie de ces jeunes joueurs bien formés.» ce message d'engagement pour la formation justifie le spot tv du groupe bancaire qui met en scène un kobi kühn transformé en baby-sitter. pour credit suisse, ce partenariat a gagné en intensité avec la perspective du mondial. «l'intérêt du public et des médias augmente avec la participation de l'équipe à la coupe du monde. ainsi, une année de grand tournoi comme l'euro ou le mondial, le budget marketing, pour les opérations de relations publiques et la publicité, triple.» de son côté, l'asf touche une prime de qualification de la part de ses sponsors. «nos contrats prévoient une prime pour les quarts et les demi-finales», précise peter gilliéron, président de l'asf. il reconnaît que, même si les budgets 2006 étaient bouclés au moment de la qualification, tous les partenaires se sont arrangés pour augmenter leur budget d'exploitation de la nati. les entreprises sont nombreuses à frapper chez sportart à zurich, qui s'occupe de tous les contrats de l'asf. «le nombre de sponsors a été fixé à quatre et celui des partenaires à huit. les contrats ont été signés en 2004, et ce jusqu'en 2008. nous sommes donc obligés de dire aux entreprises qui manifestent leur intérêt de nous recontacter en 2008, prévient stefan brütsch, responsable de tout ce qui concerne l'asf chez sportart. il reste des possibilités de partenariat de licensing. nous avons désormais un vin officiel ainsi que des livres d'école et nous venons de signer avec hublot qui a lancé une montre aux couleurs de l'asf qui a été distribuée aux joueurs.» «des ambassadeurs toute l'année» les joueurs de la nati savourent avec une certaine fierté leur succès populaire. simon meier «fierté», «bonheur», «plaisir». tel est le hit-parade des termes qui fleurissent dans la bouche des sélectionnés suisses lorsqu'on veut savoir comment ils vivent un tel enthousiasme national. ludovic magnin: «dans cette société, la vie est dure. les gens n'ont plus trop le loisir de rigoler et de prendre du bon temps. le fait qu'ils s'identifient à nous, qu'ils partagent nos émotions, me donne la chair de poule.» le vaudois du vfb stuttgart fait défiler les images, la tête dans les étoiles. l'une d'elles sort du lot: «tous ces drapeaux dans le stade de suisse après mon égalisation contre la france... c'est un des plus beaux moments de ma carrière.» dans l'équipe, ils sont plusieurs à voir dans cette marée rouge le symbole fort du lien qu'ils entretiennent avec le public. lancée à berne sur l'initiative de l'asf lors des matches de l'automne dernier, la déferlante a fait des émules mercredi dernier à genève puis, dans une moindre mesure, samedi à zurich lors de la rencontre amicale face à la chine. raphaël wicky savoure les bains de foule, lui qui a connu «l'époque où il y avait une vingtaine de personnes pour (nous) voir à l'entraînement». ces attentes constituent-elles une pression? «non, il faut laisser rêver les gens», tranche le valaisan, prêt à se laisser porter par l'euphorie ambiante. personne, au sein du groupe, ne boude la communion. certains, en revanche, ne perdent pas de vue le fait que la médaille puisse comporter un revers. tranquillo barnetta, feu-follet raisonnable, résume parfaitement ce souci qui consiste à ne pas se laisser griser avant l'heure: «les gens sont fous, et c'est génial! mais il ne faut pas exagérer: ce n'est pas parce que nous avons tenu en échec les favoris italiens que nous devenons nous aussi candidats au titre.» l'attaquant marco streller y va aussi de son couplet, quitte à endosser le costard sombre du rabat-joie: «on a beaucoup bossé pour vivre tout ça. c'est beau, mais cela représente des obligations, une pression», admet-il. «il ne faut surtout pas céder à l'euphorie. nous voulons nous qualifier pour les huitièmes de finale, mais il serait irréaliste de croire que nous pouvons remporter la coupe du monde.» tous ne sont pas d'accord sur ce point... tous, a contrario, acceptent avec plaisir le rôle de porte-drapeau qui leur est confié. «la plupart d'entre nous jouons à l'étranger [17 sur 23 exactement].nous sommes des ambassadeurs toute l'année», signale marco streller en vieux routinier, du haut de ses vingt-cinq ans. durant les quinze derniers jours, la nati a fait le plein d'amour et d'ondes positives. elle a su jouer de sa popularité sans en abuser. il ne reste plus qu'à faire bon usage de ce précieux bagage en allemagne. © le temps, 2006 . droits de reproduction et de diffusion réservés. acheter les droits de reproduction de cet article. nom mot de passe mot de passe oublié? accès d'un jour imprimer l'article transmettre liens relatifs lire l'article «l'annonce du «brillant réveil»?» en rubrique editorial lire l'article «la fin du syndrome de la défaite honorable pour l'équipe de suisse» en rubrique eclairages lire l'article «la nati reprend son souffle» en rubrique sports lire l'article «la montre de ronaldinho» en rubrique zooms lire l'article «la ruhr attend sa résurrection du mondial» en rubrique sports lire l'article «la montre de ronaldinho» en rubrique zooms place de cornavin 3 case postale 2570 1211 genève 2 tel: +41(0)22 799.58.58 fax: +41(0)22 799.58.59 e-mail info@letemps.ch www.letemps.ch © le temps. droits de reproduction et de diffusion réservés. a propos nous contacter votre avis notre charte rss

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